Epitre selon Confucius
Je penche donc je suis

Ode à Moto Macho

Une moto, de préférence une Harley, et un macho, de préférence un biker, couple hors du temps et hors de ce temps.

Alliance du féminin et du masculin, dépendance de l’un à l’autre, exclusive totale de l’un sur l’autre. Retour à l’éternel dilemme de qui dépend de l’autre, de qui supplante l’autre, de qui supporte l’autre.

Dualité et paradigme masculin féminin.

Moment ineffable de bonheur lorsque, sans contrainte, épris de liberté ils partent à la conquête de leur temps partagé et des aléas des routes, voies et chemins, par delà les pays, les montagnes, les continents, les traditions et cultures.

Abandon des codes sociaux quotidiens, ni androgyne, ni misogyne, le biker Moto Macho fier de sa condition domine son sujet. Elle aime se montrer avec lui, il la soigne, habille sa robe d’accessoires lui donnant une personnalité complémentaire de la sienne. Elle et lui sont uniques.

Chaque traversée de village est l’occasion de le constater, les passants sourient, lèvent le pouce, font le V de la victoire. Lorsqu’ils s’arrêtent, les villageois viennent au devant d’eux les félicitent pour cette harmonie ou la féminité de la belle met en valeur celui qui la chevauche et où le valeureux biker, qui en dépend, exalte la beauté de sa monture.


Ils sont deux et ne font qu’un.

Il pilote la belle, la plupart du temps elle le conduit où il le souhaite, de temps en temps elle se rebelle, tente de suivre son propre chemin. Il veille et en homme accompli sait, par sa dextérité et sa capacité à la solliciter, la remettre sur le bon chemin. Consciente de l’inopportunité de son écart, elle repart de plus belle, le son grave de sa voix magique et distinctive avec le fameux potato-potato en est le signe absolu.

Elle peut être défaillante, pas souvent, mais de façon imprévisible. Alors il peut être démuni et se retrouver à coté d’elle sur le bord de la route, ses vocalises plus ou moins ardentes ont cessé. Il la regarde, tente de la comprendre, n’en prend pas ombrage, l’encourage à repartir ; et si cela s’avère impossible il appelle le bon "docteur mécanicien" qui saura lui parler, la soigner afin que le couple parfait puisse repartir sans l’ombre d’un reproche.

Puis un jour la belle a vieilli, leurs chevauchées deviennent plus problématiques, elle se défraîchit, et ce malgré toute l’attention qu’il lui a portée, elle ne peut plus assurer leurs transports.

Lui aussi a vieilli mais il est encore vigoureux et peut encore parcourir de nombreux lieues et lieux.

Ils vont devoir se séparer. Toute séparation est douloureuse, chacun en souffre. Elle sait qu’elle n’a plus la force de l’emmener la où il fait bon être, lui sait qu’il risque de la perdre en l’épuisant.


Alors d’un commun accord il se décide à rencontrer le "dealer", homme de confiance, qui saura trouver un nouvel acquéreur moins exigeant quant aux aventures qu’ils vont entreprendre. Il se devra d’être particulièrement respectueux pour son expérience, faute de quoi il en paiera les conséquences, mais il le sait.

Notre biker, plein de sollicitude et de mélancolie, l’abandonnera à son nouveau maître souhaitant qu’il soit attentif à sa subtile personnalité.

Il choisira une nouvelle monture, il reprendra quelques accessoires de son ancienne compagne, non pour la dépouiller, mais en hommage aux conquêtes communes et pour exprimer à sa nouvelle acquisition ce qui l’attend.

Le couple Moto Macho reconstitué, une nouvelle alliance se joue, à eux de la rendre inoubliable.


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